Paris, le 02/07/07
Deux jours après la fermeture de la saison de pêche au thon rouge en Méditerranée, Stephan Beaucher, responsable de la campagne océans à Greenpeace, fait le bilan du travail d'observation mené par Greenpeace et appelle les autorités publiques à aller plus loin que le plan de sauvegarde entériné le 11 juin. L'enjeu ? La préservation d'une ressource millénaire pour les peuples méditerranéens.

Après quarante jours passés sur le flanc sud de la Méditerranée à documenter la pêcherie du thon rouge et à observer la mise en place de l'accord de Dubrovnik, Greenpeace dresse un premier bilan alarmant.

« Cette année encore la pêcherie a échappé à tout contrôle. La pression de pêche sur la zone a atteint des niveaux inégalés et les infractions au plan de Dubrovnik, entré théoriquement en application le 13 juin, ont été nombreuses sans qu'aucun contrôle ni surveillance des autorités soient mis en oeuvre » explique Sebastian Losada, qui a mené cette campagne à bord du Rainbow Warrior.

Greenpeace a croisé les observations en mer avec les données issues de la surveillance de plusieurs ports et aérodromes.
Le constat est édifiant.

Voici une liste des principales infractions constatées et documentées :

L'utilisation des avions de repérage reste une méthode très courante sur la zone. Au-delà de ceux que nous avons pu photographier et identifier formellement, 12 à 15 avions étaient en veille permanente à Lampedusa (Ile du sud de l'Italie).
La présence sur zone de plusieurs senneurs sans licence ICCAT (des tunisiens et au moins un italien).

Les transbordements en mer se pratiquent encore couramment, alors que l'on sait que c'est le moyen le plus simple de blanchir les captures illégales. Nous avons ainsi documenté deux opérations mettant en cause deux senneurs (un français et un italien) et deux cargos surgélateurs panaméens. Au moment ou le Rainbow warrior a quitté les eaux au large de la Libye, un cargo panaméen, le " Daniela ", était positionné en attente sur zone, signe que d'autres rendez-vous en pleine mer sont planifiés dans les jours prochains.

« Ce que nous avons constaté lors de cette campagne suffit amplement à justifier notre demande de fermeture immédiate de la pêcherie du thon. Le plan de Dubrovnik, qui a accordé un volume de captures deux fois supérieur aux préconisations des experts scientifiques, ne mérite pas l'appellation de " plan de gestion " ni a fortiori celle de " plan de sauvetage ". La CICTA* doit revoir totalement sa copie et elle doit le faire vite » déclare Stéphan Beaucher, responsable de la campagne Océans de Greenpeace France.

Le 12 juin dernier, le président du Syndicat des Thoniers de Méditerranée a lancé publiquement un défi aux autorités françaises en déclarant que les bateaux ne rentreraient au port le 30 juin (date imposée par le plan de Dubrovnik) que si le quota français (5 500 tonnes) était atteint. Aujourd'hui, lundi 2 juillet, l'ensemble des pêcheurs manifestait à Marseille.

Le " baptême du feu " risque donc d'être difficile pour le nouveau ministre de l'agriculture et de la pêche, Michel Barnier. Sa détermination à résister aux exigences d'une vingtaine d'armateurs constituera un bon indicateur de sa capacité à gérer d'autres dossiers autrement plus épineux.

CICTA : Commission Internationale de Conservation des Thonidés de l'Atlantique

Guide à l'usage du consommateur responsable

La disparition imminente du thon rouge
La France a pris officiellement position pour l'interdiction du commerce international du thon rouge, en demandant un délai de 18 mois pour la mise oeuvre de cette mesure. Mais le thon rouge ne peut pas attendre, il va disparaître définitivement.
Selon les évaluations du comité scientifique de l'Iccat, qui gère la pêche au thon, il reste aujourd'hui moins de 15% de la population d'origine, c'est à dire avant la pêche industrielle
La pêche intensive et industrielle à l'aide des sonars ultra perfectionnés, ne laisse aucune chance à la survie du thon rouge.

Agissez maintenant pour sauver le thon rouge et sa survie :  http://www.greenpeace.fr/thon-rouge/