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La disparition et la mort des abeilles
     

 

(Avril 2009)
Les abeilles s'éteignent par milliards depuis 2007. Leur disparition pourrait sonner le glas de l'espèce humaine.
Et de la même façon que les passagers du Titanic n’ont pas vu s’approcher l’iceberg ; de la même façon que personne n’a vu arriver le tsunami, de la même façon personne ne voit venir cette catastrophe.
C'est une incroyable épidémie, qui est en train de se propager de ruche en ruche sur la planète. Partie d'un élevage de Floride, elle a d'abord gagné la plupart des Etats américains, puis le Canada et l'Europe jusqu'à contaminer Taiwan en avril dernier. Partout, le même scénario se répète :
par milliards, les abeilles quittent les ruches pour ne plus y revenir. Aucun cadavre à proximité. Aucun prédateur visible, pas plus que de squatter pourtant prompt à occuper les habitats abandonnés.
En Allemagne, le quart des colonies a été décimé avec des pertes jusqu'à 80 % dans certains élevages.
Même chose en Suisse, en Italie, au Portugal, en Grèce, en Autriche, en Pologne et en Angleterre.
En France, où les apiculteurs ont connu de lourdes pertes depuis 1995 (entre 300.000 et 400.000 abeilles chaque année) jusqu'à l'interdiction du pesticide incriminé, le Gaucho, sur les champs de maïs et de tournesol, l'épidémie a également repris de plus belle, avec des pertes allant de 15 % à 95 % selon les cheptels.
L'Apis mellifera (l'abeille à miel) est arrivée sur Terre, 60 millions d'année avant celle de l'homme, elle est aussi indispensable à son économie qu'à sa survie.
Faut-il incriminer les pesticides ?

Pour éviter les épandages incontrôlables, les nouvelles générations d'insecticides enrobent les semences pour pénétrer de façon systémique dans toute la plante, jusqu'au pollen que les abeilles rapportent à la ruche qu'elles empoisonnent.
Même à faible concentration, l'emploi de ce type de pesticides détruit les défenses immunitaires des abeilles. Le principal principe actif utilisé l'imidaclopride (dédouané par l'Europe, mais largement contesté outre-Atlantique et en France, il est distribué par Bayer sous différentes marques : Gaucho, Merit, Admire, Confidore, Hachikusan, Premise, Advantage...). les butineuses deviendraient vulnérables à l'activité insecticide d'agents pathogènes fongiques pulvérisés en complément sur les cultures.

Les autorités chargées de la réglementation ont traité le déclin des abeilles, en ignorant l'évidence selon laquelle les pesticides agissent en synergie avec d'autres éléments dévastateurs.
Sans interdiction massive des pesticides systémiques la planète risque d'assister à un autre syndrome d'effondrement, prévoient les scientifiques :
celui de l'espèce humaine.

Albert Einstein avait déjà insisté sur la relation de dépendance qui lie les abeilles à l'homme :
"Si l'abeille disparaissait du globe, avait-il prédit, l'homme n'aurait plus que quatre années à vivre".

Les scientifiques jouent depuis longtemps aux apprentis sorciers, comment ne pas s’étonner, s’émerveiller qu’un si petit élément de la Création puisse jouer un si grand rôle pour l’homme? Qui nous est le plus indispensable ? L’abeille ou le chimiste ?
Les industries chimiques sont très riches mais le monde risque de s’arrêter parce qu’on n’a pas su respecter ce si petit élément.


Liens

Le déclin des populations d’abeilles et ses conséquences: 
http://www.science.gouv.fr/fr/actualites/bdd/res/2741/le-declin-des-populations-d-abeilles-et-ses-consequences/

Mort des abeilles
: Plainte contre le directoire de la Société Bayer

Le Titanic apicole, la Terreur pesticide Un film-documentaire de Dominique Guillet et d’Ananda Guillet DVD de 2h15, sur la disparition des abeilles et sur la terreur pesticide: l’empoisonnement de l’humanité et de toute la biosphère.
En vente sur:   http://www.kokopelli.asso.fr/boutic/bou_list.cgi?codefam=dvd


La disparition des abeilles : enquête   - Source: Science.gouv.fr  - Texte sous licence Creative Common

Ce phénomène, mondial, mobilise des chercheurs de toutes nationalités. Il pourrait avoir des conséquences très graves : la disparition des insectes pollinisateurs serait un désastre écologique menaçant l’agriculture et une grande partie de nos ressources alimentaires. Probablement multifactoriel, le dépérissement des colonies d’abeilles trouve une partie de ses causes dans les activités humaines et leurs influences sur les paysages, les ressources et les équilibres écologiques.

Un phénomène déjà connu
En 2007, les Etats-Unis tirent la sonnette d’alarme : les abeilles disparaissent massivement et soudainement. Partout dans le monde, le taux de mortalité apicole atteint des records, de la fin de l’année 2006 à la fin de l’hiver 2007 : perte de 60 % des colonies aux USA et jusqu’à 90 % dans certains Etats de l’Est et du Sud ; 40 % des ruches se sont vidées au Québec, 25 % des colonies sont décimées en Allemagne, idem à Taiwan, en Suisse, au Portugal, en Grèce et dans de nombreux autres pays d’Europe.
Pour la première fois, une estimation des pertes financières potentielles liées à la disparition des abeilles est réalisée : près de 15 milliards de dollars rien qu’aux Etats-Unis.
Les médias alertent alors l’opinion publique.

Des colonies victimes d’un " syndrome d’effondrement "
Les premières traces de colonies d’abeilles anéanties brutalement remontent au XIXe siècle. Mais la situation actuelle présente des caractéristiques particulières. Phénomène planétaire, la disparition des abeilles est spectaculaire : du jour au lendemain la ruche se vide et l’on ne retrouve que peu ou pas de cadavre.
Ce syndrome d’effondrement des colonies, appelé en anglais Colony Collapse Disorder (CCD) est décrit depuis les années 1970. Il est caractérisé par une absence d’ouvrières, seules restent la reine qui continue de pondre et quelques jeunes abeilles. Les rares adultes encore présents sont infestés par différents virus pathogènes et des champignons. Le couvain (ensemble rassemblant les larves, les pupes, et les œufs) est bien fermé et il subsiste des stocks de nourriture (miel et pollen). Curieusement, ils ne sont pas pillés par les autres abeilles et ne sont attaqués que très tardivement par les parasites. Dans les ruches sur le point de s’effondrer, on observe que les ouvrières sont de jeunes adultes, leur nombre ne suffit plus à soigner le couvain et l’essaim refuse de consommer la nourriture apportée (sirop de maïs ou autres suppléments).

Les diverses causes de ce phénomène:

- Les parasites
Les abeilles sont aussi victimes d’agents naturels tels que des parasites appartenant à la famille des acariens. Les varroas - Varroa jacobsoni - proviennent d’Asie et se sont installés en Europe dans les années 1960. Identifiés en France au début des années 1980, ils ont contraint les apiculteurs à traiter les ruches avec des acaricides. En effet, ces parasites sont de puissants vecteurs de virus pathogènes. Mais depuis quelques années et un peu partout dans le monde, outre-Atlantique en particulier, les varroas développent des capacités de résistance aux traitements. C’est pourquoi ils sont suspectés d’être à l’origine de l’épidémie actuelle. Cependant, aucune corrélation absolue n’a pu être établie avec le phénomène d’effondrement. D’autres maux sévissent dans les colonies d’abeilles : loques américaines et européennes, acarioses provoquées par Acarapis woodi ou d’autres parasites qui s’installent en Europe. Une bonne partie de ces parasites, même s’ils prolifèrent, étaient présents depuis longtemps et n’expliquent pas, à eux seuls, le pic de mortalité apicole.

- Les champignons
Les abeilles subissent de redoutables propagations de champignons. Parmi ceux-ci, Nosema cerenae, retrouvé en masse dans le corps d’abeilles mortes, semble particulièrement virulent. Récent en Europe, c’est un champignon présent depuis plus de 10 ans aux Etats-Unis et découvert il y a 5 ans en France. Il est de plus en plus suspecté d’être une cause majeure du syndrome d’effondrement. En cas de "nosémose", nom de la maladie parasitaire provoquée par le champignon, l’intestin des abeilles est attaqué. Victimes de diarrhées, elles libèrent des microspores et contaminent d’autres abeilles. En 2008, une étude espagnole a pour la première fois prouvé la responsabilité de ce champignon dans l’effondrement de colonies. Selon les auteurs, une longue période d’incubation asymptomatique peut expliquer l’absence de signes avant-coureurs de l’effondrement. Le recours à un très puissant antibiotique (fumagiline) s’est révélé un remède efficace, mais à court terme seulement (6 mois à 1 an).

- Autres insectes prédateurs

D’autres insectes en provenance d’Asie ou d’Afrique menacent aussi les abeilles européennes. Parmi ceux-ci, le petit coléoptère des ruches Aethina tumida originaire d’Afrique du sud, et le frelon asiatique Vespa velutina nigrithorax s’avèrent de redoutables prédateurs. Face au coléoptère, des mesures de restriction d’importation d’essaims s’imposent car un traitement chimique serait préjudiciable aux abeilles . Le frelon, introduit accidentellement dans notre pays en 2004, s’acclimate dans treize départements du Sud-Ouest. Prédateur de l’abeille domestique, sa dispersion est suivie de très près par les scientifiques.

- Les transformations environnementales et climatiques
En restructurant les paysages et en détruisant les haies, talus et bosquets, qui sont autant de sites de nidification pour les espèces sauvages, les hommes nuisent aux pollinisateurs et aux abeilles. La réduction de la biodiversité florale provoque également une raréfaction des ressources alimentaires. C’est un cercle vicieux : moins de plantes à fleurs amenuise les variétés de pollinisateurs ce qui accentue davantage la raréfaction des plantes. La monoculture intensive sur des centaines d’hectares, la raréfaction des fleurs des champs et des cultures de légumineuses (trèfle, luzerne...), l’entretien intensif des bords de route : ces pratiques appliquées à grande échelle convergent vers la création d’un environnement défavorable aux pollinisateurs. Enfin, un changement climatique entraînant des sécheresses et des hivers plus doux affaiblirait les abeilles : elles sortiraient trop tôt de la ruche et souffriraient du manque de pollens disponibles.

- Des exploitations excessives ?
Les abeilles domestiques peuvent aussi parfois être victimes de formes d’apiculture productiviste. Certaines méthodes d’élevage sont intensives (transhumance constante, prélèvement de miel ou de pollen trop important) voire brutales (enfumage) et toxiques (traitement acaricide et antibiotique). Il résulte de ces pratiques jugées très minoritaires par certains experts du domaine de l’apiculture des reines épuisées au bout d’un an, au lieu de deux ou trois, et des ruches affaiblies.

- La pollution électromagnétique ?

Cette piste est elle aussi controversée. Pour certains scientifiques, d’autres facteurs sont plus menaçants. Pour d’autres, des études approfondies sont nécessaires. Les doutes reposent sur différents travaux mettant en évidence la sensibilité des abeilles aux champs électromagnétiques. Certaines portent sur le système de magnéto réception d’Apis mellifera et montrent que des champs magnétiques externes peuvent provoquer l’expansion ou la contraction de particules de magnétite présentes chez les abeilles et ainsi influer d’une manière spécifique sur leur orientation, en retransmettant le signal via le cytosquelette (une organisation moléculaire dynamique qui maintient la forme des cellules).
Des chercheurs de l’Université de Coblence ont étudié l’effet de certains champs magnétiques sur les abeilles. Ces scientifiques ont soumis un certain nombre de ruches au rayonnement de stations de téléphonie sans fil à la norme DECT. Cette étude-pilote montre que le poids acquis des cadres d’alvéoles de colonies irradiés est inférieur de 20% à celui de colonies non irradiées. Par ailleurs, le nombre d’abeilles irradiées de retour en ruche est très inférieur à celui des abeilles non irradiées.
Des résultats à prendre avec prudence car des études à grande échelle restent à effectuer

Les synergies : des pistes à explorer
La plupart des études scientifiques sur les abeilles et leur surmortalité ont porté sur l’analyse de facteurs isolés les uns des autres. Pourtant, il est possible que les facteurs soient multiples et interagissent, c’est-à-dire que des synergies existent. Des pesticides peuvent par exemple favoriser une infection causée par un champignon. Un mélange de pesticides peut aussi avoir des effets bien plus puissants que ceux de ces produits considérés individuellement.
Les champignons sont parfois utilisés comme arme biologique à l’encontre de ravageurs, et leur efficacité est renforcée quand l’insecte est déjà affaibli par des doses sub-létales d’insecticides de la classe des néonicotinoïdes. Ainsi, il est courant de traiter des cultures de maïs avec un mélange de spores de champignons (hyphomycètes entomopathogènes) et d’imidaclopride.
De la même manière, des scientifiques de l’université de Penn State estiment que certains fongicides (substances propres à détruire les champignons parasites), en combinaison avec des insecticides neonicotinoïdes et/ou pyrethroïdes peuvent avoir des effets 100 fois plus toxiques que n’importe lequel de ces produits utilisés seuls.
Pas de quoi effondrer une colonie selon eux, mais de quoi considérablement affaiblir les défenses naturelles des abeilles résidentes. Or, ces mêmes scientifiques ont parfois relevé et identifié jusqu’à 70 pesticides et métabolites (produits de la transformation de ces substances) différents dans une même ruche ainsi que des fongicides.
En France, ces combinaisons sont elles aussi suspectées. Une étude intitulée "Enquête prospective multifactorielle : influence des agents microbiens et parasitaires, et des résidus de pesticides sur le devenir de colonies d’abeilles domestiques en conditions naturelles" a été réalisée par l’Afssa. Si aucun effondrement n’a été constaté lors de cette enquête au long cours, les auteurs mettent en évidence divers maux affectant les colonies :

"la présence de maladies ou d’agents pathogènes expliquant pour partie les mortalités constatées, des anomalies (qualifiées de problème de reine) pouvant expliquer les autres mortalités de colonies (l’origine de ces anomalies peut être attachée à des maladies propres à la reine (nosémose), à l’exposition à des résidus de pesticides à travers les matrices apicoles, à la toxicité des traitements vétérinaires), la présence dans l’ensemble des matrices apicoles de résidus de pesticides à des doses très faibles. Les résidus les plus importants, en fréquence de présence, étaient l’imidaclopride (apport exogène) et le coumaphos (apport endogène dû au traitement de la varroase).
Les synergies possibles entre les divers résidus de pesticides d’une part, entre les résidus de pesticides et les agents pathogènes d’autre part, l’absence de traitement de la varroase ou l’utilisation de produits de traitement insuffisamment efficaces dans certains cas".

Conséquences - des insectes pollinisateurs indispensables

La plupart des études portent sur l’abeille dite domestique, c’est-à-dire Apis mellifera (Europe, Afrique, Amérique, Australie) et Apis cerena (Asie méridionale et orientale).
Si ces deux espèces assurent à elles seules la pollinisation d’une majorité des espèces végétales européennes, les autres butineurs sauvages semblent eux aussi souffrir d’un environnement dégradé.
Une récente étude anglo-hollandaise montre le déclin parallèle des populations de pollinisateurs et des plantes à pollen au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, sans préciser si ce sont les plantes ou les insectes qui disparaissent en premier. Les cultures maraîchères et fruitières dépendent largement des pollinisateurs et déjà, les Etats-Unis ont importé massivement des abeilles d’Australie pour assurer la fertilisation de leurs vergers. Importation qui pose de nouveaux problèmes de dissémination bactériologique.
En Chine, dans la province du Sichuan, des producteurs en sont réduits à fertiliser les fleurs de poiriers à la main, les pollinisateurs et les plantes à pollens de la région ayant été détruits par une utilisation incontrôlée de produits chimiques.

Agir sur plusieurs fronts
A l’échelle mondiale, La pollinisation des cultures est estimée à 153 milliards d’euros. L’enjeu est aussi économique qu’écologique, les pollinisateurs étant certes indispensables à nos productions mais aussi à la nature toute entière.
Les chercheurs s’attaquent aux différents facteurs d’affaiblissement des abeilles. Ainsi, certaines colonies d’abeilles insensibles aux attaques de Varroas font l’objet d’études génétiques avancées. Par ailleurs, la prise en compte des effets sub létaux des pesticides et la mise au point de nouveaux tests ouvrent des perspectives de recherche inédites.
Au niveau européen, un programme ambitieux de sauvegarde des pollinisateurs a été lancé. Dénommé ALARM (Assessing, LARge scale environmental risks for biodiversity with tested Methods)19 , il a pour objectif d’évaluer scientifiquement les risques encourus par la biodiversité terrestre et aquatique et les conséquences potentielles de son déclin en Europe. Ce programme est articulé autour de quatre modules consacrés aux changements climatiques, aux produits chimiques, aux espèces invasives et aux pollinisateurs. Les équipes de l’Institut national de recherche agronomique d’Avignon sont partenaires du module Pollinisateurs.

Enfin, le caractère multifactoriel de la mortalité des abeilles rend nécessaire de structurer la filière apicole autour d’une interprofession et d’un centre technique. Michel Barnier, ministre de l’Agriculture et de la pêche, vient de nommer un "Monsieur Abeille", Jean-Pierre Comparot, chargé de la coordination de l’administration sur ce sujet transversal.

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